En partenariat avec des équipes du Vanuatu et de Fiji, des chercheurs de l’IRD en Nouvelle-Calédonie viennent de confirmer dans la publication Scientific Reports l’efficacité de la plateforme de science participative Oreanet. Celle-ci collecte les observations des usagers du domaine maritime (plaisanciers, pêcheurs, plongeurs, clubs associatifs, etc.) qui contribuent ainsi à détecter les infestations des récifs par l’étoile de mer Acanthaster mangeuse de corail.

Prolongement d’une société civile de plus en plus concernée par les questions environnementales, la science participative—qui implique les citoyens aux côtés des chercheurs dans l’acquisition de données scientifiques, s’invite dans un nombre croissant de programmes de recherche. C’est ainsi qu’a été développée la plateforme en ligne Oreanet (http://oreanet.ird.nc) de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). «C’est l’aboutissement d’un programme de cinq ans déployé dans trois pays de la région Pacifique: au Vanuatu, à Fidji et en Nouvelle-Calédonie», indique Pascal Dumas, pilote du projet.

Distribution spatiale des déclarations participatives dans le cadre du projet OREANET


Résultats: un bilan du projet publié dans la revue internationale Scientific Reports, qui démontre notamment que l’apport d’observations volontaires effectuées par des observateurs citoyens permet d’augmenter significativement l’aire de détection (+27%) et le nombre d’observations d’acanthasters (+129%) impactant les récifs. L’Acanthaster spp est une grande étoile de mer opportuniste avec des cycles d'expansion et de ralentissement. Elle est maintenant reconnue comme un ravageur potentiel dans toute son aire de distribution naturelle. Avec les cyclones tropicaux et le blanchiment des coraux, les infestations d’acanthasters représentent une cause majeure de déclin des récifs coralliens, avec une mortalité des coraux scléractiniaires à terme atteignant jusqu'à 90 % lors d'événements extrêmes.Près de 40 000 acanthasters et une trentaine d’infestations sévères ont ainsi été signalées en cinq ans par des observateurs volontaires, notamment dans certaines zones peu fréquentées de Nouvelle-Calédonie, du Vanuatu et de Fidji où elles n’avaient jamais été répertoriées auparavant. Robuste et peu couteuse, cette «science citoyenne» est particulièrement adaptée aux petits pays insulaires, où la fragmentation géographique et le manque de moyens scientifiques et financiers empêchent le déploiement efficace de programmes de surveillance et de gestion du risque acanthaster. L’approche participative s’avère ainsi particulièrement prometteuse pour soutenir les efforts de gestion dans la région Indo-Pacifique, fortement affectée par le phénomène d’infestations par les acanthasters, lorsqu’elle est utilisée en appui d’approches scientifiques plus académiques.

Source: Dumas P., Fiat S., Durbano A., Peignon C., Mou-Tham G., Ham J., Gereva S., Kaku R., Château O., Wantiez L., De Ramon N’Yeurt A. andAdjeroud M. (2020). Citizen Science, a promising tool for detecting and monitoring outbreaks of the crown-of-thorns starfish Acanthasterspp.Scientific Reports(2020) 10: 291. https://doi.org/10.1038/s41598-019-57251-8


[CP IRD Nouvelle-Calédonie 19/06/2020]