Le gaz carbonique, intensément émis par les activités humaines, ne contribue pas qu’au réchauffement climatique… En se dissolvant dans les océans, il augmente progressivement l’acidité de l’eau.
Plusieurs études ont montré que cette acidification des océans pourrait gravement nuire à certains organismes marins, notamment aux coraux, qui risquent de disparaître totalement. Mais quid des impacts sur les éponges de mer ? Ces invertébrés marins ancestraux qui filtrent l’eau et transforment la matière organique en suspension dans l’eau en composés consommables par d’autres organismes, sont indispensables au bon fonctionnement des récifs coralliens. Pour le savoir, une équipe internationale de biologistes, dont Riccardo Rodolfo-Metalpa du laboratoire d’écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien (ENTROPIE) en Nouvelle-Calédonie, s’est intéressée à des éponges vivant dans un site sous-marin exceptionnel de la baie de Tutum, en Papouasie-Nouvelle-Guinée1.
Laboratoire naturel
« Situé entre cinq et six mètres de profondeur dans une zone volcanique active, le site est caractérisé par la présence de résurgences sous-marines, des sortes de jacuzzi naturels qui expulsent des eaux chaudes chargées de dioxyde de carbone (CO2). De ce fait, le taux d’acidité de l’eau y atteint des valeurs élevées, proches de celles attendues pour la fin du siècle sur l’ensemble des océans. C’est donc un véritable laboratoire à ciel ouvert qui permet l’étude des effets de l’acidification des océans dans un milieu naturel », explique le chercheur.