Posté par admin  |  March 2, 2022

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2021 : une année atypique pour le suivi des baleines à bosse en Nouvelle-Calédonie

Comme nous vous l’avions signalé lors d'une précèdente actualité, la saison 2021 a été bien atypique avec l’un des plus faibles nombres de baleines enregistrés depuis 2002. Mais ce n’est pas la seule surprise que nous réservait cette saison.

Parmi les 50 échantillons de peau prélevés sur les baleines rencontrées au cours de la saison 2021, nous avons eu la surprise de constater qu’une baleine observée le 28 août 2021 dans le lagon sud avait été rencontrée sur la côte Pacifique de Panama le 3 septembre 2018.

Cela a été rendu possible grâce à une collaboration entre Marine Mammal Institute (Scott Baker, Debbie Steel et Daniel Palacios), Panacetacea (Kristin Rasmussen), l’IRD (Claire Garrigue) et le SPWRC (Claire Garrigue, Solène Derville, Claire Bonneville, Debbie Steel et Scott Baker).

Le laboratoire de génomique pour la conservation des cétacés de l’Oregon State University (OSU) gère une base de données ADN d'environ 5 000 baleines à bosse différentes, générées à partir d'échantillons de tissus prélevés dans tout le Sud Pacifique et l’océan Austral notamment par les membres du South Pacific Whale Research Consortium et ses collaborateurs. Une fois les échantillons analysés à l’IRD, ils sont expédiés à l’OSU afin d’être comparés à cette base de données.

En ligne droite cela représente une distance étonnante de 12 460 kilomètres ! Cependant, comme les baleines à bosse entreprennent des migrations annuelles vers les hautes latitudes où elles s’alimentent, il est probable que ce mâle ait parcouru de beaucoup plus grande distance pendant les 3 ans qui séparent ces deux observations. Un examen ultérieur des photos de la nageoire caudale prises lors de la collecte des biopsies a confirmé cette correspondance.

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Figure : Observations d’une baleine à bosse mâle identifié par génotypage ADN, en 2018 sur la côte pacifique du Panama, dans l'est du Pacifique, puis en 2021 dans le lagon sud de la Nouvelle-Calédonie, dans le sud-ouest du Pacifique. La ligne pointillée représente une distance orthodromique de 12 460 km entre les deux emplacements d'échantillonnage. Les lignes pleines représentent la route migratoire la plus probable via une zone d'alimentation inconnue de l’océan austral. On sait que les baleines à bosse qui se reproduisent au Panama se nourrissent le long de la péninsule antarctique occidentale et du Chili. Celles qui se reproduisent en Nouvelle-Calédonie se nourrissent dans une vaste zone de l'océan Austral entre la mer de Ross et la mer de Bellinghausen, mais elles n'ont pas encore été documentées près de la péninsule antarctique.