© Tristan Berr - IRD


La pollution plastique des océans croît sans interruption depuis le milieu du XXe siècle, avec des effets majeurs sur la santé des écosystèmes marins. La mégafaune marine (mammifères marins, grands prédateurs, oiseaux marins) est notamment sensible à l’ingestion involontaire de débris plastique ou à la capture accidentelle par des déchets flottants. Cependant, jusqu’en 2020, aucune étude de l’ingestion de débris plastique par les oiseaux de marins de Nouvelle-Calédonie n’avait été menée, et encore moins publiée ! C’est désormais chose faite, grâce à l’analyse des contenus digestifs de 90 spécimens récoltés entre 2015 et 2018* par des équipes de l’UMR Entropie et de l’IMBE (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie) Nouméa. L’étude, principalement centrée sur les Procellaridae (pétrels, puffins), a permis de montrer que la proportion d’individus contenant des débris plastique varie fortement selon les espèces. Ceci confirme que la sensibilité des oiseaux marins à l’ingestion dépend en partie des traits écologiques des espèces (notamment le mode d’alimentation ou l’emplacement des zones de nourrissage). Une note positive : pour le puffin du Pacifique (Ardenna pacifica), le taux d’ingestion de plastique relevé chez les 52 spécimens étudiés (7.7%) est le plus bas parmi l’ensemble des études menées dans la zone Indopacifique depuis 2000 !

Une nouvelle collecte de spécimens est en cours, qui permettra d’étudier l’évolution de l’ingestion de plastique au cours du temps chez nos populations d’oiseaux marins.

*collecte opportuniste de cadavres d’oiseaux sur les sites de reproduction

Berr T., Naudet J., Lagourgue C., Vuibert K., Bourgeois K. & Vidal E. 2020. Plastic ingestion by seabirds in New-Caledonia, south Pacific. Marine Pollution Bulletin, 152 : 110925. https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2020.110925