Posté par admin  |  November 18, 2021

Riccardo Rodolpho-Metalpa, chargé de recherche en écologie corallienne est interviewé par Delphine Bossy, journaliste des Nouvelles Calédoniennes, suite à sa participation à la COP26.

Extrait :

Riccardo Rodolpho-Metalpa est la seule personne du Caillou à avoir participé à la COP26. Il en tire un bilan positif malgré un échec dans l'accord et espère pouvoir mieux évoquer l'intérêt des coraux de Calédonie à la prochaine conférence climat.

Quel bilan tirez-vous de l'accord obtenu à la COP26 ?
Il apporte quelques avancées. Il assume pour la première fois que la lutte contre le changement climatique doit passer par l'élimination du charbon et des subventions pour les combustibles fossiles. Les pays se sont aussi alignés en faveur de la réduction de la déforestation et il y a une prise de conscience globale sur la nécessité de protéger la nature. Mais les politiques n'ont pas réussi à atteindre l'objectif fixé.
Il n'y a pas eu l'engagement nécessaire pour changer la trajectoire de la hausse de température. Nous ne sommes pas encore face à une catastrophe écologique suffisamment évidente à leurs yeux pour opérer un changement radical et aller contre les intérêts politiques et économiques.
Les discussions portaient d'ailleurs surtout sur les solutions d'adaptations à mettre en œuvre plutôt que les mesures d'atténuation. C'est comme si tout le monde avait acté qu'il n'était finalement pas possible de trouver un consensus pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Il faut donc trouver des solutions. En tant que scientifique cela m'a choqué.

Quelles solutions ont été évoquées ?
Deux sont sorties du chapeau. La première consiste à placer le nucléaire au centre de la transition énergétique. Les politiques n'ont pas parlé une seule fois des énergies renouvelables, cela m'a beaucoup surpris ! C'était déjà décidé, il n'y a que le nucléaire qui puisse répondre à nos besoins.
La France s'est montrée motrice sur cette question. Au Pavillon français, il était surtout question d'innovation pour améliorer la sécurité des centrales. Je m'interroge sur ce choix. La deuxième solution, longuement évoquée, concerne les océans et les forêts. Puisque la science démontre la capacité de ces habitats à séquestrer le dioxyde de carbone émis dans l'atmosphère, il y a un consensus qui émerge sur le besoin de mieux protéger ces espaces.
C'est évidemment une mesure qui va dans le bon sens mais elle n'est, de mon point de vue, qu'un palliatif. D'autant que leur capacité réelle à capter le gaz à effet de serre est encore sujette à débat.

Cet échec remet-il en cause l'intérêt de la COP26 ?
Je me suis posé la question. Mais à Glasgow, j'ai réalisé à quel point ce moment d'échange est essentiel. J'ai vu les ministres des différents États présenter leurs enjeux respectifs. C'était d'une puissance incroyable ! Imaginez le ministre du Nicaragua ou du Congo raconter son quotidien. Ils expliquent leur désarroi après avoir lutté pendant plus de trois ans pour construire un projet, le présenter et obtenir l'accord pour bénéficier du Fonds vert. Le dossier passe mais l'argent n'est toujours pas là !
Pour les îles du Pacifique aussi c'est extrêmement important. La première ministre d'Antigua-et-Barbuda, à la tête de l'Alliance des petits États insulaires, a vraiment électrisé les échanges. Elle s'est fait entendre, a défendu les intérêts des îles et ne s'est pas gênée pour accuser les pays pollueurs de jouer un mauvais rôle dans nos territoires. D'autres îles, telles que Palau, la Micronésie et Fidji ont aussi rappelé les réalités insulaires.

La Nouvelle-Calédonie était absente cette année, quelle place pourrait-elle occuper dans les prochaines conférences climat ?
D'un point de vue écologique, la Nouvelle-Calédonie est un endroit très intéressant. Elle n'est pas encore vraiment touchée par le changement climatique. Les récifs coralliens se portent bien, ils sont extrêmement riches et ici, ils n'ont que peu blanchi. Pourquoi est-ce mieux ici alors qu'en Australie, la Grande barrière de corail, pourtant à la même latitude, dépérit ?
Nous essayons de comprendre les facteurs qui expliquent cette résilience, cette diversité, et j'espère pouvoir proposer une session dédiée aux récifs, débattre sur l'adaptation de la nature face aux changements à venir à la prochaine COP, car il y a espoir ! La nature a des solutions à offrir, discuter un peu plus de la capacité de la nature à assumer tout cela serait, à mon avis, intéressant. Reste à déterminer si la COP27 est le bon endroit pour cela. 

L'article en entier ici :
https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/riccardo-rodolfo-metalpa-la-resilience-des-coraux-du-caillou-meriterait-d-etre-evoquee-a-la-cop27