La station d’enregistrement autonome a été installée avec succès. L’hydrophone est fixé au sommet d’un tripode ancré à 12m de profondeur sur la pente externe du récif d’Europa. Il est relié à une interface terrestre (alimentation, stockage de la donnée) par un câble sous-marin de près de 600m de longueur. La station enregistre en continue le paysage sonore du récif depuis le 23 avril.

Huit autres sites ont été échantillonnés acoustiquement sur les zones ouest, nord et est de l’île. Certains très pentus (tombants), d’autres presque plats, ils reflètent en partie la diversité des paysages récifaux d’Europa. En plus des données acoustiques, des données visuelles ont été collectées sur ces sites :

Des centaines de photos ont été prises sur chaque site afin de pouvoir reconstruire en 3D leur paysage (partenariat avec la thèse d’Isabel URBINA-BARRETO sur la modélisation 3D par photogrammétrie)

2h de vidéo ont été filmées par des stéréo-caméras autonomes afin d’évaluer l’assemblage de poissons présent sur chaque site (partenariat avec l’équipe de Laurent VIGLIOLA)

Plus de 50 photographies nocturnes en ‘timelapse’ ont été prises sur chaque site afin d’évaluer l’activité des peuplements de macro-organismes benthiques (crustacés, mollusques, échinodermes, ...)

La confrontation des données acoustiques et visuelles devrait nous permettre de mieux comprendre les liens existant entre caractéristiques du paysage sonore et

a) caractéristiques physiques du paysage (complexité structurelle, disponibilité en refuges…) ;

b) structure des communautés benthiques (coraux, macroalgues, …) ;

c) structure des assemblages de poissons

d) activité des peuplements de macro-organismes benthiques.

La compréhension de ces relations nous permettra à terme de mieux interpréter les données issues du suivi acoustique continu.

Les données acoustiques issues du suivi en continu seront analysées tous les 3 à 4 mois à partir d’août 2018. Des indicateurs acoustiques calculés sur ces enregistrements nous permettront de suivre la dynamique du récif au fil des mois. Des algorithmes de détection seront utilisés afin de quantifier notamment les passages de cétacés.

INTÉRÊT POUR LA GESTION

Cette station permanente enregistrera la réponse de l’écosystème aux futures perturbations (ex : blanchissements coralliens, cyclones) en temps-réel. Elle permettra ainsi de quantifier les impacts éventuels sur l’écosystème récifal, mieux appréhender ses dynamiques de réponse et décider d’éventuelles opérations de restauration peu de temps après une perturbation, contribuant à stopper l’érosion de la biodiversité associée à ces phénomènes.

Ce suivi aura également pour objectif d’identifier d’éventuelles périodes particulières d’activité des peuplements récifaux (ex : agrégations reproductives), pélagiques (ex : migrations des requins-marteaux ?) mais aussi de mesurer la fréquentation des eaux d’Europa par les cétacés. Ces espèces d’intérêt patrimonial fort sont particulièrement sensibles au dérangement durant leurs périodes de reproduction. Il importe donc d’identifier précisément ces périodes afin d’y limiter les dérangements humains (plongée sous-marine, mouillage des bateaux, …).

Les suivis acoustiques en continu ont vocation à compléter les suivis visuels réalisés tous les 5 ans. Ils permettront de resituer les résultats des suivis visuels dans le contexte de la dynamique globale de l’écosystème.

A terme le projet CORCOPA vise la transmission de cet outil de gestion aux TAAF. La formation de leurs agents de terrain à la maintenance, au dépannage de la station, à la collecte des données et à leur visualisation va accroître l’autonomie des TAAF pour la gestion de leur patrimoine maritime naturel.