Résumé de la thèse

La gestion des ressources alimentaires doit passer par un équilibre entre activités humaines et une exploitation raisonnée de ces ressources, objectif affiché des aires marines protégées. Sur l’île de La Réunion, la réserve naturelle marine œuvre pour le maintien des populations de poissons à forte valeur commerciale et régulièrement exploitées par les pêcheurs traditionnels comme le mérou "macabit" (Epinephelus merra, Serranidae), mais dont la phase larvaire pélagique reste encore peu connue. Pour mieux appréhender cette phase, la microchimie des otolithes a été utilisée pour retracer la vie de ce mérou, mais aussi d’autres espèces aux caractéristiques écologiques différentes (Acanthurus triostegus, Acanthuridae, et Plectroglyphidodon imparipennis, Pomacentridae) dans un objectif appliqué à la gestion.

Nos résultats ont permis de différencier la population de macabit à La Réunion en 3 groupes d’histoires de vie larvaires différentes à partir de fortes variations en baryum mesurées sur leurs otolithes, un élément trace, pouvant être enrichi dans le milieu naturel par diverses sources naturelles ou anthropiques. Ces variations chimiques sont retrouvées également chez A. triostegus et P. imparipennis.

Nos résultats ont montré qu'il pouvait exister des fortes variations temporelles dans les concentrations chimiques en baryum. Dans le secteur récifal nord (Saint-Gilles et Saint-Paul), ces variations sont observées de façon significative principalement lors d’évènements cycloniques. Des sources naturelles de cet élément ont pu être identifiées localement dans des eaux souterraines prélevées dans le socle basaltique poreux de l’île de La Réunion, mais aussi à l’échelle régionale, sur d’autres individus prélevés dans l’océan Indien (Maldives, Juan De Nova, Europa). Le baryum s’est ainsi révélé être un élément trace à privilégier pour l’analyse de l’histoire de vie des poissons récifaux et pour révéler les caractéristiques spatiales et temporelles de la structure de leurs populations à l’échelle de La Réunion, mais aussi potentiellement de l’océan indien occidental. Des études complémentaires biologiques, chimiques et génétiques sont néanmoins nécessaires afin d’aboutir à des connaissances permettant d’adapter des mesures de gestion aux cycles biologiques des espèces.