2017-2018, 100 k€

Coordination : Marc Léopold (IRD), Rodney Govinden (SFA)

Partenaires: IRD, Seychelles Fishing Authority (SFA), Université de La Réunion, Association des membres de l’industrie des holothuries aux Seychelles (AMSSI)



Objectifs du projet

Depuis les années 1990, les stocks d'holothuries, mondialement surexploités, sont en fort déclin en raison de l’essor des marchés asiatiques. Cette surpêche touche la majorité des espèces commerciales. Dans la région sud-ouest de l’océan Indien, la durabilité des pêcheries d’holothuries aux Seychelles fait figure d’exception et représente un enjeu national majeur.

Dans ce contexte, l’objectif global du projet SEACUSEY est d’assurer la durabilité du secteur économique lié aux ressources d’holothuries aux Seychelles grâce à une gestion adaptative, précautionneuse et concertée. Son objectif spécifique est de définir et mettre en œuvre des mesures de gestion opérationnelles des ressources d’holothuries, qui soient adaptées à la diversité, la structure génétique, l’abondance, la distribution et l’évolution des stocks des quatre principales espèces commerciales (Holothuria « pentard », H. nobilis, H. fuscogilva, Thelenota ananas).

Afin d’atteindre ces objectifs, le projet SEACUSEY a été préparé et est réalisé en association avec les deux acteurs clés du secteur aux Seychelles (SFA et AMSSI).


Résultat 1. Caractérisation de la diversité des holothuries et de leur structure génétique à l’échelle de l’archipel des Seychelles.

Bien qu’elles fassent l’objet d’une exploitation commerciale depuis plus de cent ans, les espèces d’holothuries des Seychelles restent paradoxalement mal connues. Le projet SEACUSEY propose d’analyser les caractères génétiques et morphologiques de ces ressources afin de les caractériser de façon plus pertinente.

En premier lieu, le résultat 1 fournira les informations nécessaires pour l’identification des espèces d’holothuries des Seychelles, renseignant ainsi sur la richesse spécifique de ce groupe. En second lieu, le résultat 1 déterminera avec précision la taille à maturité pour les quatre principales espèces commerciales, paramètre essentiel pour la gestion de ces ressources. Enfin, via l’analyse de marqueurs moléculaires, le résultat 1 renseignera sur la structure spatiale des populations des quatre principales espèces commerciales à l’échelle de l’archipel, ce qui, compte tenu de l’immensité des zones de pêches, permettra de définir les unités de gestion de ces espèces aux Seychelles.

Le résultat 1 du projet SEACUSEY apportera ainsi des connaissances sur la taille de maturité, l’écologie et la structure génétique de ces ressources exploitées aux Seychelles, partiellement manquantes à l’heure actuelle, qui représentent pourtant une base nécessaire à la détermination des mesures de conservation et de gestion des espèces commerciales adaptées à chaque stock.

Résultat 2. Proposition de mesures de gestion dans le cadre d’une approche adaptative, de précaution et de cogestion.

Le projet SEACUSEY s’inscrit dans le processus de gouvernance partagée du secteur entre la SFA et l’AMSSI. Cet accord a été formalisé en décembre 2013 par un accord de collaboration, valide jusqu’en juin 2017. Le résultat 2 comprendra deux volets.

  • Volet 1 : le résultat 2 apportera des connaissances utiles à la cogestion de la pêcherie. Ces connaissances porteront sur l’abondance et la distribution des principaux stocks commerciaux, estimées en optimisant le suivi participatif de l’exploitation en plongée. Ces informations biologiques font aujourd’hui défaut aux Seychelles, ce qui fragilise le processus de cogestion. Notamment, en comparant la performance biologique de la gestion aux résultats économiques du secteur, le résultat 2 permettra d’ajuster les mesures de régulation (comme le niveau des captures autorisé, la taille minimale de capture, ou la gestion spatialisée).
  • Volet 2 : le résultat 2 renforcera la concertation actuelle entre l’AMSSI et la SFA pour parvenir à une appropriation locale des mesures de gestion. Il permettra in fine de discuter la pertinence d’un futur plan national de cogestion de la pêcherie d’holothuries. Il renforcera en particulier :
    1. l’implication des pêcheurs et de l’AMSSI dans le dispositif de suivi de la pêcherie, la production des indicateurs d’état des ressources, et plus globalement le processus de décision ;
    2. les capacités techniques de la SFA pour collecter (via l’instauration d’un logbook électronique), stocker (via un système d’information), et analyser en routine (via une application web) les données des fiches de pêche, et ainsi soutenir son rôle de gestionnaire ; et
    3. l’optimisation des coûts de la gestion de la pêcherie, via des procédures semi-automatisées de collecte et de traitement des données de suivi (qui nécessiteront un moindre investissement des ressources humaines de la SFA).

Le résultat 2 garantira ainsi une réactivité et une autonomie technique et financière suffisantes des parties prenantes en renforçant leurs capacités. Il contribuera globalement à optimiser la contribution de la pêcherie au développement économique du pays de manière durable, tout en conservant les ressources sur le long terme.


Avancement du projet


Activité 1.1 Constitution d’une librairie de référence pour l’identification des holothuries des Seychelles

Cette activité débutera après l'ouverture de la pêcherie en novembre 2017, lors de la première campagne d'échantillonnage de l'Amitié prévue en décembre 2017.


Activité 1.2. Améliorer les connaissances biologiques et génétiques

  • Activité 1.2.1. Etude de la taille à maturité sexuelle

Cette activité a débuté à l'ouverture de la pêcherie en novembre 2017. Une première campagne d'échantillonnage devrait être effectuée par l'Amitié en décembre 2017 par le chargé de projet, suivie d'une seconde en janvier 2018 (avec éventuellement une dernière campagne en mars 2018).

L'objectif est de réaliser des mesures biométriques (poids individuel, longueur et largeur) sur plusieurs dizaines de spécimens de toutes tailles appartenant aux espèces cibles, puis de prélever les gonades pour analyse macroscopique au laboratoire de la SFA.

  • Activité 1.2.2. Etude de la structure génétique intraspécifique

Les échantillons de téguments des quatre espèces exploitées ont été prélevés lors d’une campagne à bord du navire de pêche professionnel L’Escapade en juillet 2017.

Ils ont été transférés à l’Université de La Réunion en juillet et septembre, puis envoyés en novembre 2017 à une entreprise européenne spécialisée dans le développement des marqueurs microsatellites.

Les résultats des extractions seront connus en janvier 2018.



Activité 2.1. Estimer et cartographier l’abondance des stocks par une méthode statistique à partir des données des fiches de pêche et du suivi des navires par GPS.

  • Activité 2.1.1. Estimation de l’abondance des ressources des quatre espèces principales

Deux campagnes du navire océanographique L’Amitié ont été effectuées les 16-17 juin et du 4 au 18 juillet 2017 au nord de l’île de Praslin, afin de réaliser une étude de pêche expérimentale des holothuries. Trois pêcheurs professionnels, un skipper professionnel, la division Recherche de la SFA et l’IRD y ont participé. Une étudiante a été accueillie en stage à l’IRD et à la SFA pour accompagner cette opération.

L’expérimentation a permis de mesurer les captures de chacun des pêcheurs suivant un gradient de densité d'holothuries en conditions réelles. Un modèle statistique a été élaboré à partir de données de pêche expérimentales et des paramètres de visibilité sous-marine. Le rapport de l'étude est disponible à https://umr-entropie.ird.nc/index.php/download_file/view/133185/587.

Le modèle pourra être transposé aux données des fiches de pêches et du suivi des navires par GPS relevées en routine par la SFA, afin d’estimer et de cartographier l’abondance des ressources d’holothuries aux Seychelles.

Les résultats de cette étude ont été communiqués lors de la 10ème conférence de la WIOMSA, qui s'est tenue en Tanzanie du 30 octobre au 4 novembre 2017. Voici le résumé de la communication: Léopold&al2017_WIOMSA conference


  • Activité 2.1.2. Développement de l’outil BDMer 3.0 d’aide à l’évaluation des ressources

Les spécifications du système d’information BDMer 3.0 ont été définies par l’IRD, en fonction des besoins exprimés par la SFA. Ce système d’information est destiné à faciliter l’estimation en routine de l’abondance de la fraction exploitable des ressources à partir des données des fiches de pêche.

Les développements sont effectués à distance au centre IRD de Nouvelle-Calédonie. Ils seront achevés à l'occasion d'un stage de Licence en avril-août 2018. La version finale de l'outil sera disponible en septembre 2018, au moment de la clôture du projet.


Activité 2.2. Définir des mesures de gestion des ressources à une échelle spatiale appropriée

Les premiers résultats disponibles sur la démarche d'évaluation des ressources seront communiqués au prochain comité national de suivi de la pêcherie. Ils permettront de compléter l'expertise rendue par le MRAG en juillet 2017 à partir de l'analyse des fiches de pêche et des données VMS disponibles sur les sorties des navires licenciés.


Activité 2.3. Optimiser le suivi participatif et opérationnel des activités de pêche

Le développement par l’IRD d’une application de fiche de pêche électronique destinée à la pêcherie d’holothuries des Seychelles a débuté en août 2017. Une première version de l’application développée avec ODK Collect a été communiquée à la SFA en novembre 2017. Elle sera testée par les pêcheurs professionnels à partir de décembre 2017.

Cette application sera couplée au système d’information BDMer 3.0, afin d’assurer un transfert rapide et sécurisé des données de pêche.