"Représentation sociale des écosystèmes marins côtiers par les acteurs de demain : application aux récifs coralliens"

RESO-ECORAIL (2015-2017)

FERRARIS Jocelyne, STOICA Georgeta, SABINOT Catherine, CHABANET Pascale et CARRIERE Stéphanie


Le projet RESO-ECORAIL a pour objectif de décrire la représentation sociale des écosystèmes marins côtiers, en particulier les récifs coralliens, dans quatre régions françaises et à tester une méthodologie interdisciplinaire pour analyser l’impact de campagnes de sensibilisation à l’environnement marin et à sa vulnérabilité.

L’étude des représentations sociales auprès des jeunes générations vise à appréhender leurs savoirs et manières de voir, penser et utiliser le littoral ; elle s’appuie sur des terrains comparatifs de la Réunion, Mayotte, Nouvelle-Calédonie et Métropole intégrant la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation en milieu scolaire, d’un protocole de collecte de dessins sur les écosystèmes marins, d’observations et d’entretiens avec les enfants et les enseignants.

La mallette pédagogique MARECO sur les récifs coralliens, « Le récif entre nos mains », a constitué le support de la campagne de sensibilisation et de la démarche de recherche.

Cette démarche nécessite un partenariat étroit avec les milieux éducatif et associatif. Inscrit dans différents contextes environnementaux et socio-économiques, le programme a permis de saisir les différences et ressemblances de représentations des écosystèmes marin et corallien dans des sites contrastés notamment du point de vue culturel, géographique et écologique, tout en tenant compte des spécificités des rapports des communautés avec les milieux littoraux.

Basé sur un protocole scientifique rigoureux, plus de 1300 dessins ont été collectés auprès de 466 élèves de CE1 de 20 écoles publiques, sur la base de deux consignes « dessine-moi la mer » et « dessine-moi le récif corallien », dont la deuxième avant et après l’utilisation de la mallette MARECO.

Les mêmes séquences de jeux ont été animées auprès des enfants afin d‘inculquer des notions identiques aux différentes classes, sur la biodiversité, les perturbations et les usagers de la mer, puis la mallette a été laissée aux enseignants pendant deux mois avant le retour des scientifiques en classe.

D’une grille de lecture bâtie conjointement entre les sciences de la nature (écologie) et sciences humaines (anthropologie), l’information qualitative a été codée en données quantitatives.


L’analyse des représentations de la mer et du récif corallien consiste en une interprétation qualitative, puis d’un traitement statistique mettant en évidence les contrastes au sein du jeu de données.

C’est par l’analyse de la variabilité des données qu’il est ainsi possible de décrire et d’expliquer les représentations sociales de l’écosystème marin côtier et l’écosystème corallien de l’échantillon considéré.

L’effet région est bien sur très marqué, nuancé par les critères de choix des écoles (milieu urbain, rural ou côtier), mais avec finalement un faible impact de la proximité à une aire marine protégée ou d’une communauté de pêcheurs.

Dans le contexte français, contrairement à des pays étrangers où la pêche constitue un moyen de subsistance vital, la représentation de la mer chez les enfants est davantage reliée aux activités récréatives ou sociales et influencée par l’environnement contextuel et géographique.

L’impact de la sensibilisation aux récifs coralliens à l’aide de la mallette MARECO s’avère indéniable avec une meilleure connaissance des organismes marins, une représentation plus écosystémique et une prise de conscience de l’importance des dangers, naturels ou anthropiques, et de la cogestion.

En termes d’apprentissage, et tenant compte du fait que les interventions ont eu lieu dans un contexte scolaire, les connaissances acquises suite à la campagne de sensibilisation ne sont pas intériorisées ; il s’agit d’une expérience indirecte qui implique qu’elle soit percutante et surtout intégrée dans les pratiques et les savoirs des enfants pour que les effets deviennent durables.

La dimension sociale constitue alors un facteur important pour la transmission des savoirs. De la même manière, le contexte scolaire reste la variable essentielle pour l’acquisition des connaissances.

Les enseignants ayant participé au projet se sont montrés proactifs en mobilisant et développant par eux-mêmes des outils en continuité de l’intervention scientifique, tant à partir de leur propre expérience qu’en développant une analyse réflexive sur leur manière d’utiliser la mallette pédagogique.

De nombreuses perspectives se dégagent de ce programme dont l’acquis principal consiste en la proposition d’une méthodologie interdisciplinaire innovante et transférable d’analyse de la représentation de la Nature et des interactions entre l’Homme et la Nature, et la sensibilisation des acteurs de demain aux écosystèmes littoraux par des activités pédagogiques scientifiques mais ludiques.