Posté par admin  |  March 29, 2021

Des millions de personnes dépendent de la pêche artisanale. Dans de nombreuses régions cependant, les pêcheurs font de plus en plus face à des intoxications alimentaires dues à la ciguatéra, suite à la consommation de produits de la mer contaminés. La toxine, produite par un dinoflagellé benthique, peut se répandre dans les réseaux trophiques marins et affecter les hommes suite à la consommation de poissons ou invertébrés. Le risque de ciguatéra peut jouer un rôle majeur dans les pêcheries lagonaires, mais il n’a encore jamais été pris en compte dans la planification spatiale marine. Pour combler ce manque, nous avons examiné si intégrer la ciguatéra dans la planification systématique de la conservation allait affecter les résultats. Nous avons développé une méthodologie en sept étapes pour collecter et cartographier les savoirs locaux sur la ciguatéra et les activités de pêche via des entretiens basés sur des cartes, incluant deux innovations : (i) spatialiser plus précisément les zones de pêche en combinant des informations sur les instruments de pêche et les habitats et (ii) intégrer le risque de ciguatéra directement dans le design de planification, celui-ci étant conçu pour maximiser la conservation des habitats benthiques tout en minimisant l’impact pour les pêcheurs. L’approche est illustrée par l’île de Raivavae, en Polynésie française, dans l’Océan Pacifique. Nos résultats montrent qu’intégrer les zones à ciguatéra a significativement amélioré le design des plans de conservation, avec une diminution de 24-38% des coûts infligés aux pêcheurs par rapport aux scénarios basés uniquement sur des données de pêche. Cette méthodologie est destinée aux scientifiques et gestionnaires afin d’optimiser la mise en œuvre de plans de conservation, et elle pourrait être généralisée à toutes les régions concernées par la ciguatéra.