Conférence Université de la Réunion – 28 janvier 2016
« L’otolithe, la boite noire des poissons, génère une découverte tous les 20 ans ! »
Jacques PANFILI
Directeur de Recherche IRD – UMR MARBEC, Montpellier, France

La gestion des pêches est le premier moteur des recherches sur les pièces calcifiées des poissons, considérées comme de véritables bio-enregistreurs.

Parmi ces pièces, l’otolithe, la « pierre de l’oreille », est certainement la plus extraordinaire et entraîne les chercheurs à des découvertes successives depuis plus d’un siècle.

Si les marques de croissance ont été observées pour la première fois sur des otolithes à la fin du 19ème siècle par un biologiste nord européen, ce n’est qu’au début du 20ème siècle qu’elles ont été utilisées pour les études sur la croissance saisonnière. Durant la première moitié du 20ème siècle, la mise en évidence des formes spécifiques des otolithes a aussi permis de reconstituer les communautés aquatiques, passées ou actuelles. Ensuite, durant les années 1950-60, la découverte de l’incorporation de marqueurs fluorescents au cours de la calcification a permis de valider les rythmes de dépôts dans la matrice de l’otolithe.

Le début des années 1970 a vu l’une des découvertes majeures, celle des marques de croissance journalières, laissant place à de nombreuses applications en écologie. La deuxième découverte majeure est apparue 10 ans plus tard, mais a surtout été développée au début des années 1990, et a concerné l'analyse des constituants chimiques incorporés dans la matrice de l’otolithe qui permet de reconstruire l'environnement traversé par l’individu.

Enfin le développement des analyses isotopiques au début du XXIème siècle a permis d’affiner les traçages environnementaux, mais c’est dernièrement, en 2013, que de nouvelles techniques ont été mises au point pour extraire les isotopes de la matrice protéique de l’otolithe et lancer de nouvelles recherches innovantes sur la reconstruction du régime alimentaire des individus.

Les découvertes sur les otolithes et leurs applications en écologie sont sans cesse renouvelées et toujours plus étonnantes, mais jusqu'à quand ?